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La thèse One Health
Pour une Agriculture du Vivant, entourée de ses partenaires (recherche, finance, technique), mène une étude sur le modèle « One Health » auprès de 44 agriculteurs de la façade ouest atlantique de la France afin d’étudier les impacts de l’agriculture de conservation des sols sur la santé des sols, des cultures et sur la qualité des grains, par rapport à l’agriculture dite « conventionnelle ».
Le contexte de l'étude
Les enjeux environnementaux, climatiques et de souveraineté alimentaire associés à l’agriculture sont de plus en plus prégnants dans la société, dont les attentes vis-à-vis du monde agricole s’accroissent fortement. En parallèle de cette évolution des attentes sociétales, un courant profond, quoiqu’encore largement minoritaire, traverse le monde agricole depuis une quinzaine d’années: celui de l’agriculture de conservation des sols. Ce courant, parti du terrain et initialement peu étudié par les scientifiques a produit des résultats visibles et bénéfiques d’un point de vue agronomique, qui ont contribué à son adoption croissante par les agriculteurs: limitation de l’érosion grâce à la diminution du travail du sol et au semis de couverts végétaux entre les cultures, restauration de la fertilité des sols grâce à l’apport de matières organiques et aux restitutions de résidus de cultures, diminution de la pression des ravageurs grâce à la diversification des cultures.
Une partie de ces résultats, observés et revendiqués par les agriculteurs sur le terrain, n’ont pas toujours été confirmés par les chercheurs, dont les modes de recherche traditionnels (conditions contrôlées, isolation des facteurs, maintien des mêmes itinéraires techniques chaque année malgré des conditions météo changeantes, etc…) sont mal adaptés à l’agroécologie. En effet, dans une ferme agroécologique, tous les facteurs sont liés les uns aux autres et évoluent en même temps: sol, racines, plantes, ravageurs, auxiliaires, agriculteurs. Tout est lié… ce qui ne facilite pas la compréhension des phénomènes biologiques, chimiques et physiques à l’œuvre !
Et pourtant, face à l’enjeu et à l’urgence de massifier l’adoption des pratiques agroécologiques et le développement de filières agroécologiques, il est primordial d’en établir de manière robuste les bénéfices, et de mieux en comprendre les mécanismes.
Les objectifs de l'étude
Dans le cadre des travaux sur le concept One Health (développé par l’Organisation Mondiale de la Santé il y a une vingtaine d’année et qui théorise les liens d’interdépendance entre la santé des écosystèmes, des animaux des plantes et des humains), notre étude vise à étudier les effets des pratiques de conservation des sols sur la santé des sols, des cultures, et sur la qualité des grains produits.
Du point de vue scientifique l’objectif est triple: proposer une étude complète et systémique comparative de l’agriculture de conservation des sols et de l’agriculture conventionnelle en suivant une approche « One Health » ; montrer par l’exemple l’intérêt de mener des études à la ferme en agroécologie ainsi que la qualité des données récoltées et des résultats obtenus; créer un premier consortium regroupant agriculteurs, chercheurs et industriels, unis autour d’un même intérêt pour la production de connaissances appliquées sur l’agroécologie.
D’un point de vue plus général, ce travail de thèse et les résultats attendus serviront de support à la dynamique de déploiement de l’agroécologie, et de structuration de filières agroécologiques.
Le dispositif de l'étude
Cette étude est la première étude de grande ampleur menée en partenariat avec des agriculteurs, sur des “vraies” fermes. Ce choix a été fait afin d’étudier en conditions réelles des systèmes agricoles aboutis en conservation des sols, et ce depuis de nombreuses années (25 ans pour les plus anciens).
Nous avons donc identifié 22 agriculteurs pratiquant l’agriculture de conservation des sols depuis au moins 5 ans, répartis sur une large zone de la façade Atlantique (triangle Nantes – Tours – Angoulême). Afin de limiter au maximum l’effet de variables perturbatrices, chaque agriculteur en ACS a choisi un agriculteur voisin aux pratiques dites conventionnelles et disposant d’un même type de sol afin de servir de comparatif.
Enfin, nous avons choisi de mener cette étude sur le blé tendre d’hiver, qui sert à fabriquer le pain, la brioche mais aussi les biscuits et qui est la céréale la plus cultivée et consommée en France.
Le montage de l'étude
Pour mettre en place cette étude, Pour une Agriculture du Vivant s’est associée à deux chercheurs de renom et pionniers en agroécologie. D’une part Jean-Pierre Sarthou, enseignant à l’École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse, et chercheur au sein du Laboratoire d’Écologie Fonctionnelle et Environnement (CNRS-INPT), ainsi qu’Olivier Husson, chercheur au CIRAD de Montpellier.
Le financement de la thèse est assuré par des entreprises adhérentes à l’association Pour une Agriculture du Vivant (Brioche Pasquier, Valorex, Gaïago et groupe Nutrition et Santé) ainsi que par la Fondation Pour un Autre Monde, preuve s’il en est de l’intérêt et de l’engagement des filières agricoles de l’amont à l’aval sur le sujet de la transition agroécologique.
Enfin, sur le terrain, les animateurs techniques des Chambres d’Agriculture de la Vienne (François Périssat, Olivier Pagnot, Christine Archenault), des Deux Sèvres (Florent Abiven) et de la Nouvelle Aquitaine (Sébastien Minette, Olivier Guérin) nous apportent leur connaissance fine des territoires sur lesquels ils travaillent… une aide précieuse pour mener à bien ce projet ambitieux !
Pour les résultats, nous vous donnons rendez-vous fin 2024 !