Qu’est-ce qu’un sol vivant ?

Le sol est un système écologique très complexe et riche, constitué d’éléments solides (minéraux et organiques), de liquides et de gaz, avec à la fois du vivant et de l’inerte. Un substrat en synergie permanente avec les plantes, ce qui assure la vie de chacun.

Qu’est-ce qu’un sol vivant ? Pour une agriculture du vivant

Une activité biologique permanente

Selon la FAO, les sols abritent ¼ de la biodiversité observée sur terre. S’y côtoient une multitude d’organismes vivants, qui vivent en équilibre et en interaction : vers de terre, champignons, bactéries… qui assurent tous ensemble l’existence et la bonne santé du sol.

Tous ces êtres vivants assurent en premier Iieu le cycle des nutriments : les un après les autres ils digèrent les matières organiques (résidus de cultures -feuilles, tiges, racines-, excréments, organismes morts, etc…), ce qui libère progressivement les éléments minéraux qui la composent et qui vont à nouveau alimenter les plantes en croissance. Une fois les matières organiques digérées au maximum par la faune du sol, elles se lient avec les argiles pour former le complexe argilo-humique qui assure notamment la stabilité structurale du sol.

En se nourrissant et en digérant les matières organiques, la faune du sol assure également un nombre considérable d’autres fonctions : les vers de terre, ingénieurs du sol, jouent un rôle de structuration, en formant des galeries et leur tube digestif est le lieu de création du complexe argilo-humique : un kilogramme de vers de terre remue environ 270 kilos de terre en un an, selon les estimations. Leur présence en abondance est ainsi un bon indicateur de l’état du sol et de ses éventuelles perturbations. Les bactéries et les champignons produisent quant à eux des colles biologiques qui assurent la stabilité des agrégats de sol ainsi que le stockage de l’eau dans le sol : un gramme de sol peut héberger plus de 1 million d’espèces de bactéries (formant plus de 1 milliard de bactéries), et de 1 à 100 milliers d’espèces de champignons¹. Certains champignons particuliers, les mycorhizes , s’associent aux racines des plantes et multiplient par 1000 leurs capacités d’absorption de nutriments, ce qui leur confère une meilleure résistance à  divers stress.

Optimiser la photosynthèse

Comme expliqué précédemment, le déterminant majeur de la vitalité d’un sol est la matière organique dont se nourrissent ses habitants et qui alimente ensuite les plantes en minéraux (azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium, etc…). 

Hors, près de 50% de la biomasse des plantes (leurs tiges, feuilles, fleurs, etc.) est constituée de carbone, et 40% d’oxygène et d’hydrogène : des éléments que la plante capte dans l’air ambiant et qu’elle parvient à combiner avec d’autres minéraux puisés dans le sol pour former ses différents organes, le tout grâce à l’énergie lumineuse du soleil ! C’est ce qu’on appelle la photosynthèse. 

Il faut dès lors voir les plantes comme des capteurs d’énergie lumineuse et de minéraux qu’elles stockent dans leurs tissus, seule source d’énergie pour tous les autres êtres vivants sur Terre, Homme inclus.

En tant que porte d’entrée de l’énergie nécessaire à la vie, on comprend que les plantes sont à l’origine des sols sur lesquelles elles se développent : elles les créent, les alimentent, les structurent et les font évoluer à leur avantage via leurs restitutions annuelles de matières organiques. 

Un sol vivant (et la vie en général) est donc conditionné à la présence d’un maximum de plantes vivantes à sa surface pour capter un maximum de rayons lumineux : c’est à dire à une photosynthèse maximisée.

Un sol vivant pour un maximum de production

Comme l’affirme Pascal Boivin, Membre du Conseil Scientifique de Pour une Agriculture Du Vivant, il est nécessaire de “porter le sol à son maximum de fonctionnalité pour supporter la production”.

Les sols cultivés sont souvent sujets à la détérioration en terme de qualité. Dans la majorité des cas, une partie des végétaux n’est pas restituée au sol directement, car dédiée à divers débouchés (alimentation humaine, animale, paille, bioénergie…). Pour pallier à ces exportations, préserver la fertilité des sols et soutenir l’activité biologique, l’agriculture du vivant s’appuie sur des pratiques favorisant la génération de biomasse : implantation de couverts végétaux, diversification des espèces cultivées, réintroduction des arbres… En parallèle, il s’agit de limiter certaines actions perturbatrices, comme le labour ou l’utilisation de produits de synthèse.

A l’instar des processus naturellement observés , plus l’activité biologique sera intense, plus le sol sera à même de produire.

L'agriculture régénérative Pour une agriculture du vivant

1 : source : Marc-André Selosse, Jamais seul, Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations