Tous les 5 décembre, la Journée mondiale des sols rappelle l’importance cruciale de cette ressource pour la vie et l’alimentation humaine. Célébrée cette année sous le thème “Les données et informations sur le sol”, cette journée est l’occasion de mobiliser tous les acteurs pour préserver ce bien commun.
Les sols jouent un rôle central dans l’équilibre des écosystèmes et dans le maintien de la vie sur terre. La quasi-totalité de l’alimentation humaine en dépend. Pourtant, la pression croissante de l’urbanisation et l’exploitation intensive mettent cette ressource vitale en danger. Selon le rapport du 22 octobre 2024 élaboré par la Commission européenne et l’Agence européenne pour l’environnement, 63% des sols de l’Union sont dégradés. Chaque année, ce sont 1 milliard de tonnes de sol fertile qui disparaissent sous l’effet de l’érosion, une perte irréversible pour les écosystèmes et l’agriculture.
Dans ce contexte, la Journée mondiale des sols, et notamment celle de cette année, nous invite à réfléchir sur le rôle des données et des informations sur les sols pour évaluer leur état, orienter les pratiques agricoles et restaurer ces écosystèmes essentiels. Les données apparaissent comme un levier indispensable pour engager le secteur agricole vers la transition agroécologique.
L’enjeu est clair : mesurer, comprendre et agir pour préserver cette ressource vitale, sans laquelle ni le vivant ni nos sociétés ne peuvent prospérer.
Des données pour optimiser les ressources
Dans son exploitation de la Marne, Nicolas Vadez produit des céréales et des cultures d’industrie en agroécologie. Il y a quelques années, il a mis en place sur ses parcelles des sondes capacitives, des petits capteurs qui recueillent en temps réel des données précises sur l’évolution des températures, l’humidité ou le dessèchement de ses sols. “Elles me permettent d’être plus précis dans ma gestion de l’eau. J’évite des tours d’irrigation inutiles et je réduis les pertes” explique-t-il. La collecte d’information lui permet donc d’optimiser ses pratiques face à une ressource en eau de plus en plus fragile.
La technologie au service du sol
Les sols, longtemps perçus comme inépuisables, font face à une dégradation accélérée qui exige une gestion durable. Les sciences agronomiques et les technologies modernes, comme les satellites ou l’intelligence artificielle, offrent désormais des données précises sur leur santé. Ces outils, de plus en plus sophistiqués, aident les agriculteurs à maximiser leurs rendements en prenant en compte les limites de leurs ressources.
Depuis 20 ans, Nicolas réalise des analyses de sols pour suivre l’évolution de la matière organique sur ses parcelles. “Je fais des analyses tous les 5 ans, ça m’aide à prendre conscience de l’impact de mes pratiques” explique l’agriculteur. Ces diagnostics réguliers l’aident à ajuster ses méthodes pour préserver ses sols tout en préservant leur santé et maximiser leur potentiel à long terme. “J’ai pu repenser des pratiques et constater des effets concrets sur la qualité de mes sols”, explique-t-il. En 20 ans, il a observé une augmentation significative du taux de matière organique sur l’ensemble de ses terres (entre 0,2 et 0,5 % d’augmentation).
Ces données, combinées à des outils d’accompagnement comme l’Indice de Régénération, permettent aux agriculteurs de traduire les constats en actions concrètes et mesurables.
Qualifier pour orienter et transformer
L’Indice de Régénération répond dans un premier temps au besoin de qualifier l’état d’un sol en passant en revue l’ensemble des pratiques réalisées dans une exploitation. Conçu comme un outil agronomique pragmatique et inclusif, il permet de construire une démarche de progrès où l’agriculteur choisit sa trajectoire d’avancée technique. Basé selon système de score global sur un total de 100 points, chaque indicateur est associé à une note maximale atteignable.
L’évolution du score obtenu dépend donc de l’évolution des pratiques. Ainsi, réduire la part de labour dans une ferme permet une amélioration de la note sur l’indicateur “Travail du sol”.
Mesurer pour valoriser
L’établissement d’un référentiel systémique offre également la possibilité de faciliter une transition collective. L’indice de Régénération facilite la collaboration entre agriculteurs, coopératives et entreprises, car les données partagées permettent de structurer des filières agroécologiques durables, où chaque acteur contribue à la restauration des sols et à la préservation de la biodiversité.
Grâce au système de notation, les agriculteurs peuvent démontrer les évolutions et l’impact positif de leurs pratiques, que ce soit pour intégrer des filières ou obtenir des financements liés à la transition et offre, en parallèle, aux coopératives et industriels la possibilité de répondre à leurs obligations dans le cadre de leurs rapports extra-financiers.
La collecte de données sur les sols est aujourd’hui devenue indispensable pour relever les défis environnementaux et agricoles et pour réussir la transition agroécologique. Que ce soit dans le cadre de la planification ou l’amélioration des pratiques, l’accès à l’information permet de se situer et de tracer des trajectoires. Des outils comme l’Indice de Régénération, qui permettent d’évaluer, de comprendre et d’orienter, ouvrent la voie à une agriculture toujours plus résiliente et respectueuse de l’environnement.
Pour préserver les sols, il est urgent de généraliser la collecte d’information et d’adopter des référentiels commun. À travers l’Indice de Régénération, Nicolas et d’autres agriculteurs montrent qu’un changement est possible : allier performance, durabilité et respect du vivant.
