Journée mondiale des légumineuses

La journée internationale des légumineuses à lieu chaque 10 février. Alors pourquoi une journée internationale pour ces productions particulières, pourquoi sont-elles importantes ? De leurs qualités agronomiques et écologiques à la valeur nutritionnelle, on vous dit tout dans cet article, avec en complément une interview de Laurent Haye, producteur de légumineuses !

David Diane

Directeur de la communication

08/02/2023

Quelles sont les qualités agronomiques et écologiques

Les légumineuses, plantes aux multiples vertus, sont un atout essentiel pour la transition agroécologique. Grâce à leur capacité à fixer elles-même l’azote présent dans l’air, il est possible de les cultiver sans aucun apport d’engrais azoté. La dégradation de leurs racines et de leurs pailles par la vie du sol libère même de l’azote pour la culture suivante, ce qui permet d’apporter moins de fertilisants. Des légumineuses comme le trèfle, la féverole ou encore la vesce peuvent être associées à des céréales ou à du colza, pour une plus grande diversité dans les parcelles. Leur floraison est d’ailleurs très appréciée des pollinisateurs et, en particulier, des abeilles et des bourdons qui se nourrissent du pollen et du nectar que ces légumineuses produisent. Certaines espèces comme la luzerne ont de puissantes racines en pivot, pouvant aller jusqu’à 2 mètres de profondeur, qui structurent le sol et améliorent sa porosité. Enfin, les légumineuses sont bien adaptées aux conditions sèches et nécessitent peu d’eau, un atout pour l’adaptation de notre agriculture au changement climatique.

Laurent Haye, producteur de légumineuses nous en dit plus :

Pourquoi avoir choisi de cultiver des légumineuses d’un point de vue Agroécologique ? Pour ton exploitation ?

Nous avons fait le choix de cultiver les légumineuses de la ferme grâce à la technique agroécologique suite à une conviction : Un sol sain, vivant doit forcément donner un produit de qualité, d’excellence. Et cela s’est avéré exact. Nos légumineuses sont bien nourries dans nos sols fertiles, elles sont riches en nutriments, le calibre est gros et ses propriétés organoleptiques ont été reconnues par de grands chefs. D’un point de vue agronomique, les légumineuses permettent de diversifier les rotations et de rompre le cycle des bio agresseurs (insectes, maladies et adventices). Elles sont aussi économes en intrants. Ce sont des cultures qui résistent bien aux sécheresses, elles sont parfaitement adaptées à notre territoire séchant.

Comment les produits-tu ? Et comment les distribues-tu ?

Les légumineuses sont implantées dans un sols très superficiellement travaillé fin mars/début avril lorsque le sol est réchauffé. Au préalable, un couvert composé de graminées, phacélie et crucifères est semé l’été précédent et détruit un mois avant les semis des légumineuses. Après la récolte, s’ensuit tout un processus de nettoyage et d’analyse des productions afin de les rendre propres à la consommation humaine. Elles peuvent donc être conditionnées et distribuées auprès de nos 150 partenaires distributeurs, ainsi qu’auprès des collectivités normandes et bientôt parisiennes.

Comment expliques-tu ce succès auprès des consommateurs ?

Les consommateurs apprécient notre gamme de légumineuses dans la mesure où c’est une production locale (rayon de 150km), qu’elles sont issues d’une démarche agroécologique, que le packaging est décalé, ludique et sensibilise un public jeune et, enfin, après les avoir goûté ils apprécient leur qualité culinaire. Nous accompagnons également les consommateurs jusque dans leur assiette depuis notre site internet avec, notamment, une à deux fois par mois, des tests et la mise en ligne de recettes avec nos produits. www.gumigraines.fr

Légumineuses et élevage : une synergie gagnante…

Luzerne, sainfoin, trèfle, lotier, toutes ces légumineuses ont un point commun, en plus d’être pleines de vertus agronomiques et écologiques : elles ne peuvent être valorisées que grâce à l’élevage de ruminants ! Or, dans la plupart des régions céréalières, l’élevage ruminant a considérablement décliné, voire disparu. Pour pouvoir réintroduire ces légumineuses dans les systèmes céréaliers qui en ont grand besoin pour la fertilité de leurs sols et le bouclage du cycle de l’azote, il est indispensable de pouvoir valoriser le fourrage qu’elles produisent… et donc d’avoir des vaches ou des moutons à proximité. Quelques agriculteurs pionniers ouvrent la voie et montrent le champ des possibles en matière de réintroduction de l’élevage ovin et bovin : au sein de la ferme ou en partenariat étroit au sein du territoire, avec ou sans bâtiment, au pâturage complet ou avec fauches et stock, il y a autant de contextes que de manières d’envisager la chose. Mais une chose est sûre, les légumineuses sont incontournables ! Bien loin de certaines idées reçues sur la nécessité de remplacer totalement les protéines animales par les protéines végétales, l’agroécologie nous montre qu’élevage et culture de légumineuses ne sont pas opposés, ils vont de pair !

Les légumineuses, vaste famille qui comprend les légumes secs (haricots, lentilles, pois cassés, pois chiches…) mais aussi des légumes frais (petits pois, haricots verts, fèves…), sont des aliments aux atouts nutritionnels impressionnants. En France, où la consommation moyenne est de l’ordre de 1,4 kg de légumineuses par an et par personne, elles sont encore loin d’être reconnues à leur juste valeur et d’avoir pleinement trouvé leur place dans notre alimentation.

Leurs atouts nutritionnels sont multiples : des teneurs intéressantes en magnésium, en potassium, ou encore en vitamine B essentielle au bon fonctionnement des systèmes nerveux et immunitaire, ainsi qu’un apport de fibres qui en font des aliments particulièrement recommandés pour faciliter le transit intestinal, diminuer l’absorption des graisses et ralentir le processus de digestion.

Elles constituent une source de protéine très importante, ce qui les rend précieuses dans les régimes alimentaires pauvres en produits animaux. 

Pour toutes ces raisons, elles sont recommandées par les organismes de santé dans le traitement du diabète, des maladies cardiaques ou encore de l’obésité.

Enfin, lorsqu’elles sont pâturées ou données à manger sous forme de fourrage aux animaux (trèfle, luzerne, sainfoin, etc…), elles favorisent un bon équilibre entre oméga 3 et oméga 6, que ce soit dans le lait ou la viande issue de ces animaux.

Les légumineuses sont un atout essentiel pour la régénération des sols, l’apport de ressources pour les insectes pollinisateurs, la diminution de l’utilisation d’intrants chimiques et l’adaptation de notre agriculture au manque d’eau. Pour massifier leur culture dans les champs, tous les maillons de la chaîne alimentaire ont un rôle à jouer : les agriculteurs évidemment, en les intégrant dans leurs couverts végétaux, en les associant à leurs cultures ou en intégrant dans leur assolement les lentilles, pois chiche, luzerne, etc… ; les coopératives ensuite, en collectant ces légumineuses et en se dotant d’outils de tri pour pouvoir valoriser les mélanges légumineuses/céréales ; les entreprises de l’alimentaire en mettant en avant les produits issus des fermes en transition, et notamment en soutenant le développement de nouvelles filières d’élevages agroécologiques valorisant les légumineuses ; et l’ensemble des citoyens en consommant des pois, lentilles, fèves cultivées en France, et en choisissant de la viande bovine ou ovine issue d’élevages agroécologique.

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