Le Salon International de l’Agriculture 2025 met cette année à l’honneur le thème de “L’Agriculture, cette fierté française !”, un sujet qui résonne particulièrement auprès des acteurs agricoles et agroalimentaires engagés dans la transition des pratiques agricoles.
Directeur général de la coopérative Les Celliers Associés, Philippe Musellec partage sa vision et son engagement en faveur de l’agroécologie, un pilier stratégique pour les marques de cidres Val de Rance et jus de pomme Sous le Pommier.
L’agroécologie au cœur de la stratégie
Quelle importance accordez-vous à l’agroécologie dans la stratégie de la coopérative ?
“L’agroécologie est totalement au cœur de notre stratégie. Nous fabriquons deux types de produits : des cidres et des jus de pomme. Sur le cidre, l’image agroécologique est déjà assez ancrée dans l’esprit du consommateur, même si nous travaillons toujours activement sur cet aspect. En revanche, pour le jus de pomme c’est devenu un véritable levier de différenciation.
Depuis six ans, nous avons développé notre coopérative autour de ce marché en captant 30% des volumes de jus de pomme vendus en France sur des critères agroécologiques. Nos partenaires de la grande distribution nous ont suivis parce qu’ils savent que ces engagements répondent aux attentes des consommateurs. “Aujourd’hui, l’origine française ne suffit plus : il faut aller plus loin et prouver que nos produits ont une réelle valeur ajoutée pour l’environnement et la société.”
Quels sont les éléments dont vous êtes le plus fier dans le développement de vos filières agroécologiques ?
“Nous sommes particulièrement fiers d’avoir transformé en quelques années le marché du jus de pomme en France. En six ans, nous avons réussi à faire en sorte que trois bouteilles sur dix soient issues de vergers français et porteurs de valeurs agroécologiques.
Mais ce dont je suis le plus fier, c’est de voir l’impact positif sur nos producteurs. Nous avons construit un modèle qui leur offre une visibilité et une rémunération pérenne, tout en leur permettant d’exercer leur métier de manière plus vertueuse.
Nos agriculteurs sont engagés, motivés, et voient l’agroécologie non plus comme une contrainte, mais comme une opportunité. Certains étaient sceptiques au départ, notamment sur la rentabilité et la faisabilité technique de cette transition. Aujourd’hui, ils constatent qu’ils peuvent produire différemment, tout en vivant mieux. Ce succès collectif est une véritable source de satisfaction.”
Les moteurs stratégiques de notre transition agroécologique
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager dans l’agroécologie ?
« C’était avant tout une décision stratégique et pragmatique. Notre coopérative était historiquement centrée sur le cidre, un marché en stagnation. Pour assurer notre pérennité et celle de nos producteurs, il nous fallait explorer de nouvelles voies.
En étudiant le marché du jus de pomme, nous avons compris que nous devions proposer plus qu’un simple produit d’origine française. L’agroécologie est apparue comme une évidence : elle répondait aux attentes des consommateurs, aux nouvelles exigences environnementales, et nous permettait d’apporter une réelle différenciation.
Dans cette démarche, nous avons également pu nous appuyer sur l’expertise de l’association Pour une Agriculture du Vivant qui, grâce à ses outils, a pu nous aider à structurer la transition de nos producteurs.
L’objectif était clair : proposer un produit meilleur pour la santé, pour l’environnement, et pour les producteurs eux-mêmes. Nous avons donc progressivement structuré notre filière autour de ces engagements et construit une offre qui allie qualité, transparence et durabilité. De là, nos clients de la grande distribution nous ont suivis !”
Oser le changement : conseils pour une transition agroécologique fructueuse
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent s’engager dans une démarche agroécologique ?
« Mon premier conseil serait de ne pas avoir peur. On entend trop souvent que seul le prix compte, que le pouvoir d’achat est la priorité des consommateurs. Bien sûr, il existe une pression sur les coûts, mais le marché se segmente de plus en plus. De nombreux consommateurs sont prêts à acheter moins, mais mieux.
L’agroécologie offre de vraies perspectives de différenciation et de valorisation. Il faut oser se lancer, tout en prenant le temps d’expliquer et de justifier ses choix. La pédagogie est essentielle : que ce soit sur les réseaux sociaux, en magasin ou directement sur le packaging, il faut rendre tangible l’impact de ces démarches.
Enfin, pour ceux qui hésitent encore, je dirais que l’agroécologie n’est pas seulement une réponse aux attentes des consommateurs, c’est aussi une démarche qui donne du sens à notre métier. Voir des producteurs engagés, motivés, et capables de transmettre une agriculture plus durable aux générations futures, c’est une immense source de fierté.”
L’exemple des Celliers Associés illustre comment l’agroécologie peut être un levier puissant de transformation du modèle agricole français.
Plus qu’un simple argument commercial, elle devient un véritable moteur de différenciation pour l’entreprise et de fierté pour les producteurs.