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L’agriculture syntropique
Encore peu connue en France, l’agriculture syntropique est une approche novatrice qui a vu le jour il y a une quarantaine d’années : elle se base sur le fonctionnement des écosystèmes naturels, en répondant aux objectifs de production des agriculteurs. En pratique, elle mise sur une organisation synergique d’une diversité des cultures, pour viser des récoltes abondantes.
Une méthode émergente en France
A l’origine de l’agriculture syntropique ? Ernst Götsch, un agriculteur et chercheur suisse. En 1984, il part au Brésil, dans l’État aride de Bahia, pour reprendre une exploitation de 500 hectares, dont les sols sont altérés et improductifs. Pour remettre en production ces terres, le suisse teste pendant 30 ans des techniques s’inspirant des principes de fonctionnements de la nature, et notamment des forêts. Suite aux résultats probants obtenus, cette méthode s’est répandue au Brésil puis dans de nombreux pays.
En France, l’agriculture syntropique émerge depuis quelques années. En exemple, la ferme des Mawagits, dans le Gers, créée en 2018 dans le but d’en faire un lieu pédagogique dédié aux pratiques agroécologiques. L’un des associés, ingénieur agronome, a étudié pendant deux ans au Brésil où il a découvert l’agriculture syntropique : 1000 m² y sont aujourd’hui dédiés sur une parcelle dégradée, pour poursuivre sa formation et adapter la méthode au contexte pédoclimatique, avec le projet de la transférer à terme sur l’ensemble de l’exploitation. Aucun fertilisants, ni d’intrants chimiques ou d’irrigation ne sont utilisés sur la ferme où a été implantée une grande diversité d’espèces. Tout est conçu pour limiter les apports exogènes et créer des synergies entre les plantes.
Les principes de l’agriculture syntropique
Selon le dictionnaire, la syntropie est définie comme l’action convergente de plusieurs facteurs. Dans le cas de l’agriculture syntropique, il s’agit de créer un système de cultures dense et complexe, pour aboutir à un équilibre entre les plantes et obtenir une production en abondance.
Cette méthode se base sur le processus naturel de la régénération des écosystèmes dans le but d’y introduire des espèces comestibles et commercialisables. Le principe : remettre les plantes dans les conditions de lumière et de fertilité qu’elles auraient dans leur milieu naturel.
Outre l’existence de débouchés viables, le choix des espèces prend en compte deux facteurs : la vitesse de croissance et l’occupation de l’espace. Il s’agit d’implanter des associations de cultures avec des cycles complémentaires – plantes annuelles, bisannuelles et vivaces – qui vont se développer à des rythmes asynchrones, selon le principe de succession rencontré dans la nature (d’où l’autre appellation pour désigner l’agriculture syntropique, l’agroforesterie successionnelle). Tout le système est organisé par strates (basse : herbacées ; moyenne : arbustes et buissons ; haute : canopée et émergente), afin d’optimiser l’utilisation des surfaces, aussi bien horizontalement que verticalement.
L’agriculteur intervient régulièrement pour perturber le système, notamment par la taille des strates supérieures ou la coupe des espèces en fin de cycle, l’objectif étant de soutenir la dynamique de croissance, d’accélérer la succession végétale et de récolter les productions pour la vente.
Des avantages mais aussi des limites ?
L’agriculture syntropique a de nombreux atouts : enrichir le sol en matière organique, améliorer sa fertilité, augmenter la biodiversité, l’humidité etc. Outre la restauration de l’environnement et des écosystèmes, elle permet d’assurer des revenus pour l’agriculteur tout en étant socialement valorisante auprès de la société (pas d’apports extérieurs, qualité des produits….).
Cette méthode demande toutefois une connaissance fine des espèces implantées – biologie, dynamique de croissance, besoins en lumière -, des interactions entre elles et des processus biologiques en jeu. Ces informations doivent ensuite être croisées avec les caractéristiques des parcelles, le type de sol et le climat. Une période de test peut donc être nécessaire, avant la mise en œuvre effective sur l’exploitation. Dans tous les cas, il s’agit de prendre le temps de réfléchir à un tel projet et de prévoir une gestion minutieuse du système.