Les défis de l’agroécologie
L’objectif pouvait paraître écrasant : mener en deux jours des travaux qui resteront dans l’histoire de l’agroécologie comme un moment fort de convergence et d’accélération de la transition. Pourtant, pour relever ensemble ce beau défi, près de 200 acteurs représentatifs de l’écosystème agricole et alimentaire ont répondu présent à l’invitation du mouvement Pour une Agriculture du Vivant, l’Agence BIO et l’initiative 4 pour 1000, et se sont retrouvés sur le campus UniLaSalle de Beauvais, les 12 et 13 avril 2022.
Pour un nouveau modèle agricole et alimentaire
Chacun apporte son expérience et ses convictions propres bien sûr, mais aussi ses interrogations et ses doutes, et tous sont animés par le même sentiment d’importance cruciale et d’urgence absolue à construire ensemble des voies et des moyens pour qu’un nouveau paradigme émerge et se diffuse. Ce nouveau modèle doit être une partie déterminante de la solution à la fois aux enjeux du climat, mais aussi de la biodiversité, du développement économique pour tous et notamment pour les producteurs.
Véritable lieu d’échange, les défis sont l’occasion pour toutes les parties présentes de partager leur vision prospective de ce à quoi une agriculture qui a mené sa transition pourrait ressembler. Les points de vue, très différents de chacune d’entre elles, en dressent un portrait, chacun sous son angle, faisant émerger une vision ambitieuse et désirable. Anne Trombini en appelle donc à l’audace de chacun afin de construire un chemin commun pour relever ce Défi.
C’est autour du partage en bonne intelligence du champ des contraintes de chacun que le consensus apparaît : les solutions ne peuvent être que collectives, tant les interdépendances entre les acteurs sont fortes. Les réponses techniques existent, il est désormais temps de déverrouiller les fonctionnements collectifs, sur la chaîne de valeur « de la fourche à la fourchette » et dans la création et la diffusion des connaissances « du savoir au savoir-faire ». A cette occasion Stéphane Le Foll rappelle qu’au-delà du caractère d’urgence bien connu, les outils sont en place et que c’est maintenant aux acteurs eux-mêmes de prendre la main pour changer et faire encore évoluer le cadre.
Les échanges construits autour du partage d’expérience d’une vingtaine de pionniers en la matière, sont ainsi l’occasion pour chacun d’alimenter les réflexions relatives à leur transition qu’elle soit individuelle ou collective. De ces clés pour permettre d’accompagner, d’outiller, d’accélérer, de financer, d’organiser et de se prémunir contre les risques, émergent également les freins pour qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle que chacun est venu dépasser avec des propositions d’actions ou d’initiatives porteuses de sens.
C’est au cœur de 20 projets concrets et proposés par les participants, qu’ils ont ainsi pu les enrichir de leur point de vue et y intégrer les réflexions et propositions issues des travaux de ces deux jours.
Ces contributions ne doivent pas s’arrêter aux portes de Beauvais, chacun désigne alors les projets sur lesquels il souhaite continuer à être impliqué.
Les clés du succès
Après ces deux jours de travaux intenses, collaboratifs et productifs, l’heure est à la prise de recul. Quels sont les messages retenus par chacun, les points clés utiles pour construire un discours diffusable largement pour créer une dynamique ouverte, collective, déterminée et solidaire ? C’est aussi le moment de poser les demandes et revendications vers le politique pour qu’il mette en place à son niveau les conditions de succès pour accompagner et faciliter cette transition.
Trois axes se sont dessinés pour mettre en œuvre cette transformation
La transmission tout d’abord autour de la formation et du partage entre les acteurs pour construire ensemble ce nouveau modèle. La question de la responsabilité collective est également centrale avec la mise à disposition des données en open source afin de bénéficier de référentiels communs et reconnus. Enfin, nous devons accompagner cette transition de campagnes d’acculturation, d’explications ou encore de sensibilisation pour convaincre et engager toutes les parties prenantes.
La régénération ensuite, des agricultures et des pratiques pour les faire converger vers l’agroécologie. Pour y parvenir, l’Indice de Régénération doit être déployé sur le maximum de fermes, intégré dans les démarches collectives des filières ainsi qu’auprès des institutionnels. Véritable boussole de la transition, il est le cap à suivre collectivement notamment pour valoriser les productions à leur juste valeur.
La coopération enfin, de l’amont à l’aval, du public au privé, du local au national, du producteur au financeur… afin de valoriser les réussites du terrain ainsi que l’engagement et l’implication des acteurs dans des innovations d’intérêt général.
Il est évident à ce moment que cette transition prend de plus en plus le visage d’une véritable révolution, certes non violente, mais que plus rien ne semble pouvoir arrêter !
Et les Défis de demain ?
Les défis de l’agroécologie ont démontré la force de l’intelligence collective qui nous anime chez Pour une Agriculture du Vivant et mis en exergue l’interconnexion des multiples dimensions que revêtent cette transition. L’engagement des dialogues doit se faire à plusieurs échelles si l’on veut être constructifs et déployer cette transformation rapidement. Le pragmatisme du terrain, les réalités économiques, les contraintes territoriales ou encore la nécessaire rigueur scientifique doivent être conjugués de façon systémique pour aboutir ensemble à des solutions utiles et concrètes.
Le succès de ces deux jours nous encourage à promouvoir et à décliner ces échanges avec, pour commencer les Défis des Territoires pour fédérer tous les acteurs localement ; les Défis des entreprises pour les accompagner dans leur transition ; et les Défis de la recherche et du terrain pour faire coïncider les enjeux avec la réalité des fermes.
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