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L’agriculture régénératrice
Comme son appellation l’indique, l’agriculture régénératrice vise la régénération des sols. Mais aussi d’autres biens communs, tels que l’air, l’eau et la biodiversité. Une approche globale incluant la gestion des systèmes de culture et d’élevage.
Face à l’appauvrissement des sols dans le monde entier, la notion de “régénération” est apparue dans le vocabulaire agronomique anglo-saxon dans les années 70. Ce n’est que dans les années 2010 que l’appellation « agriculture régénératrice » se développe, restant discrète jusqu’en 2019.
Les objectifs ? Selon Regeneration international, association à but non lucratif, « les méthodes utilisées pour l’agriculture régénératrice :
- contribuent à la régénération des sols et de leur fertilité;
- accroissent la percolation et la rétention de l’eau par les sols ainsi que la pureté et l’assainissement des eaux de ruissellement;
- augmentent la biodiversité, la santé et la résilience des écosystèmes;
- compensent le lourd héritage des émissions nettes de CO2 de l’agriculture conventionnelle dans l’atmosphère, en stockant du carbone dans les sols. »
Le sol au cœur des préoccupations
L’agriculture régénératrice est principalement basée sur les principes de l’agriculture de conservation des sols, élargie à tous types de production et pas seulement aux grandes cultures.
En termes de pratiques, les trois leviers principaux sont :
- La réduction du travail du sol, et si possible le passage au semis direct. Cela permet de préserver la structure et la vie du sol (vers de terre, champignons, collemboles…) et de stopper l’érosion ;
- La couverture des sols tout au long de l’année, qui apporte une protection physique au sol contre l’érosion, les rayons UV, la sécheresse, et évite la formation d’une croûte de battance. Elle permet également de concurrencer les adventices (“mauvaises herbes”) ;
- La diversité des espèces cultivées, de préférence en association, sur la base de rotations longues, avec une amélioration de la fertilité des sols, une dilution des risques de maladies, et une baisse de la pression des mauvaises herbes et des ravageurs.
Une approche davantage systémique
L’agriculture régénératrice implique d’aller plus loin que ces trois piliers en adoptant une approche plus systémique. En termes de traitements et de fertilisation des sols, par exemple, il est recommandé de limiter les produits phytosanitaires et les engrais chimiques, et de favoriser l’utilisation d’engrais verts, compost, fumier, lisier etc. La plantation d’arbres et haies, aussi appelée agroforesterie, favorisant la biodiversité est également encouragée.
Pour la gestion des troupeaux, les éleveurs disposent de plusieurs leviers comme l’augmentation des surfaces en prairies, la diversification des variétés fourragères ou encore le pâturage tournant dynamique.
L’agroforesterie peut être également une piste à envisager. Le principe: planter des arbres dans des parcelles destinées à être cultivées ou pâturées, avec de nombreux bénéfices à la clé : synergie avec les cultures induisant une amélioration de la productivité, meilleure fertilité des sols par apport de biomasse, rétention de l’eau, stockage du carbone, abris ombragés pour les animaux…
Autre méthode intéressante et régénératrice, encore peu connue : le Keyline Design, un outil d’aménagement des espaces agricoles. Elle permet d’adapter les modes de culture des parcelles en fonction du climat et de la topographie, pour optimiser l’utilisation des ressources.
Agriculture régénératrice ou agroécologie ?
L’Agriculture régénératrice n’est pas donc pas une notion figée, mais fournit une multitude de possibilités aux agriculteurs qui peuvent ajuster leurs choix selon la réalité technico-économique de leur exploitation. En aval comme en amont, c’est une opportunité d’implication d’une diversité d’acteurs. Certaines entreprises de l’agroalimentaire se sont d’ailleurs déjà saisies du concept, attirées par les retombées qu’ils pouvaient tirer d’une image liée à la préservation des biens communs. Toutefois, si les bénéfices et services rendus par la régénération sont les mêmes que l’agroécologie, celle-ci résulte d’une démarche agronomique plus approfondie, qui passe par l’acquisition de connaissances précises sur les écosystèmes.
Pour qu’une entreprise se revendique comme régénératrice, elle doit avoir une démarche impliquant l’ensemble de son fonctionnement en passant par exemple par sa capacité à créer du lien dans son territoire quelque soit son niveau d’action (local, national ou international). La régénération passe aussi par la valorisation des actions de tous les partenaires impliqués dans la Démarche de Régénération. Les services rendus et les impacts positifs doivent être valorisés pour permettre aux agriculteurs d’obtenir une rémunération juste et durable et ainsi poursuivre le travail qu’ils réalisent quotidiennement.