L’agriculture de conservation des sols

Face à l’appauvrissement des sols dans le monde, une réflexion s’est imposée sur la question de la préservation des terres arables et la régénération des sols dégradés. D’où est née une nouvelle approche systémique, l’agriculture de conservation des sols (ACS), qui donne une place centrale au sol et à la matière organique. Présentation des piliers fondateurs et de leurs objectifs respectifs.

L’agriculture de conservation Pour une Agriculture du Vivant

Les 3 piliers de l’agriculture de conservation des sols

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Agriculture de Conservation des Sols s’appuie sur trois fondamentaux interdépendants :

  • Une perturbation mécanique minimale du sol;
  • Une couverture permanente du sol;
  • La diversification des espèces cultivées.

Pour chacun de ces fondamentaux, il existe une certaine flexibilité de mise en pratique. Les agriculteurs français peuvent ainsi adapter leurs pratiques au contexte particulier de leur exploitation, ce qui en fait une démarche avec une grande diversité des systèmes rencontrés sur le terrain. Mais dans tous les cas, il est nécessaire de combiner les trois piliers pour optimiser la réussite du système.

Limiter les perturbations du sol

Alors que le labour, qui retourne et mélange la terre en profondeur, est le symbole de l’agriculture depuis des millénaires, l’ACS mise sur la limitation au strict minimum du travail du sol. En l’absence de labour, les agriculteurs peuvent réaliser un semis direct, technique qui consiste à semer directement dans les résidus de la culture précédente ou dans un couvert végétal vivant déjà en place (semis-direct sous couvert). D’autres solutions intermédiaires existent, comme le travail du sol superficiel, souvent appelées Techniques Culturales Simplifiées (TCS). Il reste possible de ne labourer qu’occasionnellement, en cas d’ultime nécessité, par exemple quand les risques de maladies, de ravageurs ou de mauvaises herbes sont trop importants ou avant des cultures exigeantes vis-à-vis de la porosité du sol ou de la finesse du lit de semences.

Pourquoi réduire le travail du sol ? Préserver ou améliorer la structure du sol et maintenir en surface la matière organique issue des cultures précédentes ou d’un couvert intermédiaire, créant une protection contre l’érosion. Cela favorise également la capacité du sol à retenir l’eau, et permet d’atténuer le changement climatique en séquestrant du carbone et en diminuant la consommation de carburant induite par les nombreuses opérations de travail du sol.

L’agriculture de conservation Pour une Agriculture du Vivant

Couvrir les sols en permanence

Ce principe vise à maximiser la couverture végétale des champs tout au long de l’année. Cette couverture peut être « morte », c’est-à-dire composée des résidus de la culture précédente ou d’un couvert végétal détruit et laissé au sol (on parle aussi de « mulch »), ou « vivante » s’il s’agit d’espèces végétales implantées par l’agriculteur avec un objectif particulier.

La couverture permanente du sol présente de multiples intérêts : enrichissement de la terre en matière organique, amélioration de la structure du sol et de sa fertilité, limitation de l’érosion et de l’évaporation de l’eau, stockage du carbone… Cette pratique peut également créer une certaine concurrence vis-à-vis des mauvaises herbes, permettant de diminuer le besoin de recourir à du désherbage chimique. Ce n’est toutefois pas toujours vrai et des herbicides sont utilisés, dans beaucoup de systèmes en ACS, pour détruire des couverts végétaux, ou désherber les parcelles sans avoir recours au travail du sol.

Allonger les rotations et diversifier les espèces semées

La succession de cultures (céréales, oléagineux, légumineuses…) sur une même parcelle se raisonne généralement sur plusieurs années.

Avec la réduction du travail du sol et notamment la suppression du labour, la gestion des mauvaises herbes peut devenir plus complexe. C’est pourquoi il est indispensable d’allonger les rotations des cultures pour éviter la spécialisation de la flore concurrente. Diversifier les cultures semées, en alternant espèces d’hiver et de printemps, permet également de casser le cycle de développement de ces mauvaises herbes. La succession de cultures de familles différentes permet de casser le cycle des ravageurs et des pathogènes. 

Cette pratique est par ailleurs bénéfique pour le fonctionnement du sol, notamment quand elle consiste à mélanger des espèces en culture ou en couvert : davantage de biomasse produite, davantage de matière organique restituée au sol, une meilleure structure grâce à des profils d’enracinement variés, et donc une augmentation de la fertilité du sol.

Lorsque les principes de l’ACS se conjuguent sur une ferme à une réflexion sur les éléments de biodiversité, la place de l’arbre, et la régulation naturelle des ravageurs grâce aux auxiliaires, on parle d’agroécologie !