Imaginé en 2021, le projet BRF vise à valoriser et reconnaître les innovations et expérimentations des agriculteurs pionniers en agroécologie. Le projet Bourse de recherche à la ferme est soutenu par Mirova Foundation, le fonds de dotation de Mirova dans le cadre d’un plan d’accompagnement sur-mesure (financier, compétences et communication).
Découvrez chaque mois le portrait d’un agriculteur pionnier en agroécologie qui nous explique son cheminement vers l’agriculture de régénération des sols et les bénéfices que cela lui apporte au quotidien.
Olivier Cadiot : "Le manque de vie dans mes sols m'a poussé à changer mes pratiques."
Des terres appauvries et des défis quotidiens
J’ai repris la ferme familiale en 1990, dans les alentours de Bourges. Mes terres, composées de limon et d’argile, ne sont pas les plus faciles à travailler, d’autant qu’elles sont remplies de silex en profondeur. Comme beaucoup, les premières années, j’ai commencé par labourer. Mais je me suis vite aperçu que la végétation que j’enfouissais ne se décomposait pas correctement, je la retrouvais l’année suivante toute bleue, signe d’un manque d’oxygène dans le sol. Il y avait clairement un manque de vie dans mes terres. C’est ce constat qui m’a poussé à revoir complètement mes pratiques.
Des pratiques qui redonnent vie au sol
En cherchant à préserver la vie du sol, j’ai décidé d’arrêter le labour du jour au lendemain. Cette décision n’a pas été simple à prendre, j’ai dû beaucoup me renseigner et voir ce qu’il se faisait ailleurs, notamment en Amérique du Sud où il y a eu de nombreuses expérimentations. J’ai commencé ma transition en passant par des techniques culturales simplifiées (TCS). J’ai d’abord testé différents types de semoirs, bricolé des outils moi-même, puis j’ai fini par acheter un semoir à disque en semis direct et un strip-till pour travailler au minimum la terre. Avec le strip-till, j’ai obtenu de bons résultats, surtout avec le maïs, le tournesol et le colza. J’ai aussi arrêté progressivement l’usage des engrais chimiques comme la potasse et le phosphore, me concentrant uniquement sur l’azote, ce qui m’a permis de réaliser quelques économies tout en maintenant des analyses de sols correctes.
Des sols plus vivants et une productivité améliorée
Avec le temps et des formations, notamment sur les macérations, j’ai réussi à réduire au maximum mes usages de produits phytosanitaires, arrêtant même totalement les insecticides et fongicides. Aujourd’hui, j’utilise des préparations à base d’ail, d’ortie ou de fougère, et je vois clairement des améliorations sur la vie du sol. J’expérimente également la transformation d’urée solide en liquide pour améliorer l’assimilation de l’azote par les plantes, même si cela me demande beaucoup de travail. C’est un apprentissage permanent, mais ces pratiques agroécologiques montrent des résultats concrets. Mes sols sont plus vivants, et l’eau s’infiltre mieux, ce qui me conforte dans mes choix.